A Romans-sur-Isère, c’est devenu un sport olympique.
Avant tout aménagement urbain, on rase, on coupe, on abat.
Des arbres parfois centenaires, des arbres en pleine santé dont les feuillages sont si précieux quand les chaleurs arrivent…
A terre !Telle est la politique de la ville. Un magnifique platane vient d’en faire les frais place Jean Jaurès. Bien sûr, on ne lui a pas demandé son avis… tout comme – c’est de coutume depuis 10 ans maintenant avec cette municipalité – on n’a pas, ou très peu, consulté les habitants.
Sur le podium
Et ce n’est malheureusement pas une première. Une trentaine d’arbres magnifiques ont été condamnés pour le projet de découverte de la Savasse. Pour l’aménagement du rond-point Paul Deval, la mairie a sacrifié de magnifiques pins sur l’autel de l’efficacité routière (dont la rationalité reste discutable). Les arbres de la côte des Masses ont également disparu. Boulevard Giniez, rue de Coalville… Là aussi, des arbres ont été coupés.
Sur le podium des sacrifices imposés à la nature dans notre ville, on mentionnera également les deux marronniers centenaires abattus autour de la tour Jacquemart pour les « besoins » de la rénovation de la place maintenant largement bétonnisée.
Lorsque les arbres magnifiques de l’ancienne résidence Beausoleil, sur le Chemin des Bœufs, ont été arrachés, « c’est la vie, on va replanter », avions-nous entendu dire. Sauf qu’on ne remplace pas d’immenses cèdres par de petits arbustes qui mettront des décennies à devenir grands, s’ils y parviennent.
Sur les marches de ce funeste podium se hisse aussi le magnifique acacia de la place du Chapître. Lui-même avait pris la plume pour se défendre :
« Je suis condamné à mort… Je me suis semé et enraciné juste de l’autre côté du mur… Mais voilà que l’année dernière des urbanistes sont venus parler de la réhabilitation de la place du Chapître… A mes pieds, un petit panneau disant « un seul arbre supprimé ». Quel choc ! Incompréhension. Je suis pourtant un fidèle compagnon des habitants qui apprécient mon ombre et mon parfum printanier. »
L’incompréhension de cet arbre quand il a entendu la tronçonneuse s’approcher près de lui, c’est aussi la nôtre à chaque fois que les travaux (souvent pharaoniques) de la mairie commencent par l’abattage de nos précieux amis.
Ces arbres, c’est notre bien commun. Ces arbres, pour la plupart, étaient là avant nous. Ils doivent nous imposer le respect. C’est nous qui devons cohabiter avec eux, pas l’inverse.
L’arbre est une donnée d’entrée, en aucun cas le problème. Comment croire qu’on ne puisse pas faire autrement ? Pourquoi un projet de réaménagement urbain, quel qu’il soit, devrait commencer par éradique le vivant avant de bâtir ? La politique de la table rase ne nous convient pas. Les arbres devraient être considérés comme les fondations de notre ville. Les couper, c’est nous arracher un pan de notre patrimoine historique.
Médaille d’or
… de l’incompétence et du double discours : Marie-Hélène Thoraval ! La maire de la ville qui recevra la flamme olympique le 20 juin prochain décroche la récompense haut la main !
Dans le Romans Mag de mai 2022, elle écrivait : « Les arbres abattus (et remplacés, la plupart du temps), le sont toujours à contre-cœur, et après avis systématique de l’Office National des Forêts. Le plus souvent, ils avaient été fragilisés par les récents événements climatiques, ou mettent en péril à court terme des ouvrages (murs de soutènement, etc.), voire de nouveaux projets tels que le nouveau cours Pierre-Didier. »
On a bien lu : les arbres contrarient ses projets, pour le moins discutables, donc on les coupe !
On a aussi lu : « la plupart du temps » ils sont remplacés. « La plupart du temps. »
Quant à la soi-disant mauvaise santé des arbres abattus, nous vous renvoyons au diagnostic effectué par l’Office National des Forêts, il est ici… La plupart des arbres abattus ne le sont pas pour raison de santé ou de risque manifeste.
Rappelons aussi à la mairie que l’article L350-3 du code de l’environnement stipule que « Le fait d’abattre, de porter atteinte à l’arbre, de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit, sauf lorsqu’il est démontré que l’état sanitaire ou mécanique des arbres présente un danger pour la sécurité des personnes et des biens ou un danger sanitaire pour les autres arbres ».
Des champions olympiques
Ce que nos élus n’ont pas compris, c’est que les arbres en ville sont une richesse inestimable, une fierté aussi. 450 litres d’évapotranspiration par jour pour les plus mûrs, rendez-vous compte !
Couper nos vieilles branches, c’est réactionnaire. Et planter de jeunes arbres, c’est « une idée à la con ».
Ce n’est pas nous qui le disons, c’est l’écologue Frédéric Denhez qui, dans cette vidéo, rappelle que l’arbre est un « formidable climatiseur » : quand il fait 60 degrés sur un macadam nu, il n’en fait que 30 à l’ombre des feuilles. « A l’échelle d’une ville, c’est 2 ou 3 degrés de moins » quand il y a des arbres, mais pour grandir, il leur faut au minimum 15 ans, et beaucoup, beaucoup d’arrosage. Ce que la Préfecture n’autorise pas depuis plusieurs étés.
Frédéric Denhez explique : « L’arbre ne pousse correctement, et on l’oublie trop souvent, que dans un sol digne de ce nom. (…) Or, souvent en ville, les arbres sont plantés dans beaucoup trop peu de terre, et dans une terre trop peu vivante. Un arbre a besoin au sol de la même surface que celle qu’occupe le périmètre de ses feuilles. Malheureusement en ville, un arbre n’a souvent droit qu’à un mètre carré de surface au sol. Résultat : d’après le Cerema, il pousse deux fois moins vite, il a moitié moins de feuilles et évapotranspire quatre fois moins que son cousin des champs. »
Vous avez en tête les récents aménagements de la place du Chapître ? Ecoutons encore Frédéric Denhez : « Là où l’herbe et l’arbre poussent ensemble, c’est la moitié de l’eau de pluie qui s’infiltre, alors que c’est à peine 15% de cette eau qui s’infiltre sur une place bien moche, bien minérale. »
Et de conclure : « Avant de planter n’importe quoi n’importe où, n’importe comment dans n’importe quel sol, on devrait d’abord s’occuper des gros arbres existants, ne pas les couper par exemple. Sinon, si on ne fait pas tout ça, l’arbre en ville, ça restera une idée… à la con. ».
Patrimoine en or
Il est plus qu’urgent de changer de politique en la matière. Et d’adopter, comme le suggérait Francis Hallé, « des politiques de préservation plus ambitieuses ». L’un de nos plus célèbres biologistes nous rappelait il y a peu que « les arbres anciens nécessitent peu d’entretien et ne nécessitent pas d’arrosage, contrairement aux jeunes plantations. Au lieu de déraciner ces arbres remarquables, des mesures alternatives telles que la taille sélective, l’élagage régulier et la consolidation peuvent être mises en œuvre pour assurer la coexistence harmonieuse entre les arbres et l’environnement urbain. »
Notre ville de Romans-sur-Isère possède un patrimoine unique, et les arbres en sont une composante majeure. Alors pourquoi ? Pourquoi Marie-Hélène Thoraval cherche t-elle à détruire ainsi notre bien commun ? Pourquoi notre mairie accepte-t-elle d’éradiquer ces plantations centenaires tout en nous parlant d’écologie ?
C’est bien simple : à chaque fois qu’on elle dit « végétalisation » ; on constate « bétonisation ». Nous n’acceptons pas une ville aseptisée de la sorte !
Alors, si comme nous, vous êtes indignés, éberlués, effarés, en colère, dans l’incompréhension, faites-le savoir !
Partagez vos opinions !
Et n’hésitez pas à nous écrire…
Fiers d’être Romans, malgré tout.
A très vite !
Passionnément Romans
P.S. Les membres du collectif « Jean Jaurès » ont déposé deux recours en justice en vue de suspendre les travaux ; la réponse est attendue pour le 14 mars…
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2 Responses
Nous en sommes désastrées Maman et moi. On se sent impuissantes et d’une tristesse indescriptible. Les travaux rendent la ville incirculable et bonjour l’écologie avec tous ces bouchons…l’air devient irrespirable. Tous les petits commerces ferment. Plus aucun plaisir à flaner. Thoraval doit avoir le bras plus que très long… Que faire ? Désespoir.