Caserne de la Presle : Pourquoi démolir 25 logements récents ?

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Novembre 2023. Le Conseil municipal approuve à la majorité l’avenant numéro 2 de la convention opérationnelle du nouveau programme de renouvellement urbain. Notre groupe a voté contre. Cet avenant prévoit la démolition des 6 logements sous la Cote du Poids des Farines, et de 25 des 36 logements de la caserne de la Presle.

La démolition de la caserne de la Presle est une lubie assez ancienne de notre maire, pour un motif essentiellement esthétique : l’architecture du bâtiment ne lui plaît pas. Nous connaissons ces immeubles et logements à rénover, leur conception est plutôt qualitative : bi-orientation, duplex, extérieurs généreux aux étages supérieurs, stationnements en sous-sol – et le faible turn-over dans cette résidence en témoigne. Alors que VRH (Valence Romans Habitat, le propriétaire) voulait mettre en œuvre un programme de réhabilitation des façades, la municipalité l’a bloqué, préférant imposer sa vision auprès des trois derniers préfets. Pourtant, ce bâtiment inspiré des immeubles des tanneurs est cohérent dans sa volumétrie, ses trames et sa composition architecturale. Il tient l’angle des rues qui l’entourent, et s’ouvre sur un patio intérieur, déjà pensé comme un prolongement de l’espace public, et comme une invitation à se diriger vers le centre ancien.

La CLCV (Confédération Locale du Cadre de Vie), qui siège au conseil d’administration de VRH, dénonce ce gâchis alors qu’il manque des logements dans notre ville. Une colère que Passionnément Romans comprend tout à fait.

Essayons d’ailleurs d’y voir plus clair, car cette opération est passée relativement inaperçue depuis le Conseil municipal du 16 novembre 2023.

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Voici pourquoi le maire se trompe cinq fois sur ce dossier :

1) La démolition de ces logements coûtera 1.570.000 euros d’argent public.

2) La ville prévoit de réaménager l’espace libéré pour un coût de 1.630.000 euros d’argent public, dont près de 1 million d’euros à la charge nette de la ville, alors que nous venons de découvrir la Savasse juste à côté pour une dépense équivalente à la construction de 4 gymnases (17 millions d’euros d’argent public TTC, dont 3 millions d’euros de dépassement de budget pour la ville).

3) L’Etat obligeant la ville et le bailleur VRH à reconstruire ces logements sociaux ailleurs sur la commune, l’impact carbone de leur démolition et reconstruction est très important par rapport à la rénovation des logements actuels. Par ailleurs, les 36 familles qui vont être délogées devront être relogées.

4) Un projet de reconstruction de 18 logements sociaux prévoit de supprimer le parking rue de Delay au numéro 13, en face du restaurant « L’Instant ». Irréversible erreur : de plus en plus de salariés utilisent le train pour se rendre au travail et les parkings Delay et Chapus, situés derrière la gare, sont toujours complets en journée. Ce dernier espace disponible doit absolument être préservé pour les utilisateurs de la gare et pour du stationnement supplémentaire afin de continuer de développer l’utilisation du train et du bus entre Valence et Grenoble.

5) Le centre historique est si contraint que trop peu de nouveaux ménages s’y installent et investissent. Derrière les effets d’annonce de la majorité, il suffit de s’y promener pour voir que l’investissement privé est atone depuis 10 ans ; même les offices HLM expriment leur difficulté de trouver des locataires tant la vie quotidienne est facilitée en périphérie pour faire ses courses, rentrer du travail, etc. Rénover les voiries, sécuriser les piétons/poussettes/vélos, et créer des poches de stationnement réservées aux habitants devraient être les priorités des espaces qu’on libère en centre historique.

Un programme de réhabilitation serait tellement plus simple, adapté et moins coûteux. Il permettrait, comme bien souvent, de révéler tout le potentiel de l’existant. Faute de ce bon sens, nous espérons que les 36 places de parking en sous-sol de ces logements seront au moins conservées à moindre frais.

Voilà pourquoi nous soutenons la CLCV. À part l’objectif dogmatique de supprimer des logements sociaux et d’imposer ses envies, nous ne trouvons pas d’explications rationnelles à ce nouveau gâchis d’argent public. Le manque de vision et de stratégie à moyen terme nous coûte des fermetures de classes, une population qui diminue, et énormément d’argent public mal dépensé.

Thomas Huriez, Joseph Guinard, Alain Villard
pour Passionnément Romans

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